Née à Ploërmel, 1984
Vit et travaille à Paris



Expositions passées :

Du 1er au 18 septembre 2022
Exposition collective
“La langue des oiseaux”
Espace Niemeyer, Paris

Du 16 juin au 31 juillet 2022
Exposition collective
Avant galerie Vossen
À L'ITALIENNE

Du 30 avril au 15 mai 2022
72ème festival d’art contemporain de la Jeune Création
Fondation Fiminco

Décembre 2021 à février 2022
Exposition collective
Avant galerie Vossen
X'MAS HANGING

Avril, mai 2017
Exposition collective
rite(s),
Art in the Flat, Paris

Janvier, mars 2017
Exposition collective
Red Houses,
Galerie Metropolis, Paris

Octobre, novembre 2016
Exposition collective
Birds and Spaces,
Galerie B4BEL4B, San Fransisco

Avril 2016
Exposition collective
Drawing Now,
Carreau du Temple, Paris

Février, mars 2016
Exposition collective
Girls : "En équilibre sur la fine pointe de l'instant"
Galerie Metropolis, Paris

Octobre 2015
Exposition collective
Variation
Espace des Blancs-Manteaux, Paris

Mai 2015
Exposition collective
Soixantième salon d’art contemporain de Montrouge






Au début des années 1990, des féministes nord-américaines donnent naissance au mouvement punk underground Riot GRRRLS. Sur une page d’un de leur zines intitulé My Life With Evan Dando, Popstar, paru en 1994, cette phrase, en écriture manuscrite : « Confuse “truth” with fiction. Attempt to decentralize the manufacturing of “truth”. Use images as as weapon. » (Confonds la vérité avec la fiction, essaie de décentraliser la manufacture de vérité. Utilise les images comme des armes.)
Énora Denis s’est emparée de cet aphorisme. Graphiste le jour, créatrice / fabricante de vérités la nuit, elle triture et confronte les pixels, l’encre et le papier pour en faire émerger une réécriture de l’histoire. Création après création, elle élabore une œuvre où s’entremêlent réel et fiction au service d’une relecture cynique, transgressive et souvent parodique du monde dans lequel nous vivons.
En faussaire du passé, Énora Denis saisit notre regard, pénètre notre boîte crânienne et reprogramme le logiciel de notre cerveau pour y imprimer une nouvelle mémoire collective. Dans cet imaginaire réinventé, une pile d’exemplaires du New York Times atteste que la femme a marché sur la Lune (One giant leap for women, 2019), la console mythique des années 90 s’appelle la Game Girl (2013) et les artistes femmes des siècles passés sont si reconnues qu’elles bénéficient d’une foison de Rétrospectives (2018). Une réécriture des mythes pour vrai-ifier un imaginaire fantasmé.
À coups de cartes postales nucléaires (Centrale, 2017), Énora Denis s’empare aussi des objets de masse et crée une dissension entre l’image et la forme pour interpeller. Fille d’Internet et du tumblrisme – qui consisterait pour une pratique artistique ou curatoriale à créer sur demande les conditions de sa propre diffusion –, l’artiste se joue des images avec brio. La Tapisserie Gouvernementale (2014), forcément outrancière, à laquelle s’accrochent ses hackings visuels, opère comme un hiatus révélant à la fois l’appropriation du spectacle par le champ politique et sa dissolution, consécutive, dans les domaines de l’information et de la communication. L’ensemble se décline en espace standard de pratiques démocratiques où l’architecture des supermarchés, agoras consuméristes, est sacralisée comme les motifs du Piranèse (Supers, 2014).
En 2012, dans son texte History as a story-telling lu lors d’une conférence concert, la musicienne et critique Tobi Vail interrogeait : «  L’histoire, est-ce seulement une somme d’informations, de faits, de personnages, de noms et de dates ? N’est-ce pas plutôt une certaine façon de raconter ? » L’histoire racontée par Énora Denis n’est pas factuelle. Elle n’est que façon de raconter.

Clara Tellier Savary